La Chambre débattra prochainement d'une série de propositions de loi visant à modifier la loi sur les heures d'ouverture dans le commerce, l'artisanat et les services (10 novembre 2006). Ce 13 juillet, le SNI a présenté son point de vue lors d'une audition pour les membres de la commission Economie du Parlement fédéral.
Qu'y a-t-il sur la table ? Les deux propositions de loi les plus frappantes sont l'extension générale des heures d'ouverture jusqu'à 22 heures et la suppression du jour de repos hebdomadaire obligatoire. Les arguments s'articulent autour du principe de "liberté" : plus de liberté pour l'entrepreneur qui peut organiser ses activités commerciales comme il le souhaite d'une part, et plus de liberté pour le "consommateur moderne" qui veut faire ses achats quand il le souhaite d'autre part. À première vue, tout cela semble bien, mais que signifie cette liberté dans la pratique ?
Tout d'abord, un élargissement des heures d'ouverture entraînera une obligation commerciale d'être ouvert plus longtemps. Vous ne pouvez en effet pas être le seul à fermer vos portes, car cela ferait le jeu de la concurrence. Outre l'argument évident mais important de l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée de l’indépendant, l'aspect financier joue également un rôle important : être ouvert plus longtemps signifie des coûts de personnel et d’énergie plus importants.
Donc rester ouvert plus longtemps coûte plus cher. La question est de savoir si cela est compensé par un chiffre d’affaire supplémentaire. La réponse est un non catégorique. Les clients ne dépenseront pas plus d'argent parce qu'ils peuvent faire leurs achats à d'autres moments. Ils étaleront leurs achats dans le temps, avec un effet financier négatif pour le détaillant : le même chiffre d'affaires et plus de coûts.
Un autre argument est le changement de comportement d'achat du consommateur "moderne" dû à l'essor du commerce électronique. Les achats en ligne peuvent être effectués 24 heures sur 24 et les consommateurs sont libres de choisir où et quand ils font leurs achats. Personne ne niera que cette façon de faire du shopping est populaire. La question de savoir si les magasins physiques doivent s'y adapter pour rester rentables est discutable. Les clients qui choisissent de se rendre dans un magasin physique le font pour l'"expérience d'achat" et c'est là que réside le grand défi pour les détaillants. S'ils veulent se démarquer du web, ils devront réfléchir à des moyens de rendre les achats aussi agréables que possible afin que les clients préfèrent l'expérience aux clics.
En outre, les heures d'ouverture prévues par la loi sont déjà très larges, sans être pleinement utilisées. Une grande majorité des magasins ferment leurs portes à 18 heures et beaucoup ne participent pas aux ouvertures tardives ou aux dimanches de shopping. Pourquoi pas ? Parce qu'ils ne gagnent pas assez d'argent, ne trouvent pas le personnel adéquat ou préfèrent consacrer leur temps à leur famille ou à d'autres choses. Quelques chiffres supplémentaires viennent étayer notre point de vue : une récente enquête menée auprès de nos membres a montré qu’une très large majorité des commerçants considère que l'idée de garder le commerce ouvert jusqu'à 22 heures est une mauvaise idée. Il en va de même pour la suppression du repos dominical. Aujourd'hui, les commerçants sont libres de choisir leurs heures d'ouverture entre 5 heures et 20 heures (ou 21 heures). 56% ne pensent pas que ce soit une bonne idée de déplacer de deux heures pour que les heures d'ouverture se situent entre 7 et 22 heures.
En bref : le SNI est contre une extension des heures d'ouverture et en faveur du maintien d'un jour de repos hebdomadaire et l’a clairement fait savoir lors de l'audition au Parlement. Car la liberté du consommateur n'est pas celle du commerçant.