Bruxelles, le 5 février 2020 - Plusieurs partis ont introduit des propositions de loi visant à adapter le congé de paternité. Certaines propositions ont pour objectif d’allonger le congé de 10 à 25 jours, certains partis veulent rendre cette mesure obligatoire. Pour les auteurs d’une proposition de loi, cette extension à 25 jours coûterait aux autorités 193 millions d'euros, une hypothèse beaucoup trop basse selon le SNI. Sa présidente, Christine Mattheeuws : « D'où vient cet argent ? Et si cette somme est disponible, ne serait-il pas préférable de l'utiliser pour les groupes cibles prioritaires ? Pensez aux personnes porteuses de handicap qui sont à la recherche d'un emploi ». Selon le SNI, l’allongement et l'obligation de 25 jours sont aussi intenables dans le cadre d’une saine organisation du travail des PME. « Les PME ne sont pas des multinationales en miniature et ne peuvent pas continuer longtemps sans un ou plusieurs employés. Toutes ces propositions ne tiennent aucunement compte des indépendants et des PME. « Cela montre le peu de respect accordé à plus d'un million d'électeurs ».
Qui va payer ?
La proposition d'étendre le congé de paternité à 25 jours coûterait, selon ses auteurs, 193 millions d'euros par an. La première question qui se pose donc est la suivante : d'où vient cet argent ? Si l’on pouvait dégager cette somme, il serait, selon le SNI, plus indiqué de la dépenser prioritairement pour les groupes cibles qui en ont vraiment besoin, comme les personnes porteuses de handicap qui veulent s’insérer dans le marché du travail.
Une autre proposition consiste à augmenter le ratio de remplacement du salaire total de 82 % à 92 %. Pour Christine Mattheeuws : « On peut ici aussi se poser des questions sur l’origine de l'argent et, si celui-ci est disponible, nous demandons qu'il soit utilisé pour les groupes cibles qui en ont vraiment besoin. »
Aucune prise en compte des PME
Selon le SNI, il est impossible pour les PME de garantir une saine organisation du travail si le congé de paternité est étendu à 25 jours. Que se passerait-il si, dans une PME, plusieurs personnes prennent leur congé en même temps ? Que faites-vous si un employé étale ce congé sur 25 semaines, à raison d’un jour de congé par semaine ? Selon le SNI, pour les PME, cela sera impossible à gérer sainement.
En outre, pour le SNI, le congé de paternité ne peut pas devenir obligatoire. « Nous sommes bien conscients qu’il est parfois nécessaire de libérer du temps supplémentaire pour la famille. Si cela est vraiment nécessaire, il existe suffisamment d'autres moyens pour que le père puisse s'occuper de sa famille. Cela peut notamment se faire par une demande d’un crédit-temps, d’un congé parental et de jours de congé normaux. »
Une des raisons pour rendre le congé de paternité obligatoire est que, selon une étude de 2010, certains pères ne prendraient pas le congé suite à une pression de la part de l’employeur ou des collèges. Le SNI demande de vérifier pour quelles raisons des pères ne prennent pas leur congé de paternité. Y a-t-il des différences entre les PME et les grandes entreprises ? Qu'en est-il des différents secteurs et types d'emplois ? Le SNI est convaincu que ces chiffres incluent les pères qui ne veulent pas nécessairement prendre leur congé de paternité ?
Elargir à nouveau le fossé entre le salarié et l’indépendant
Le SNI constate que les propositions de loi ne tiennent nullement compte des travailleurs indépendants dans notre pays. En outre, la proposition d'augmenter le ratio de remplacement des salaires de 82 % à 92 % creuse une fois de plus l'écart entre les indépendants et les salariés, malgré les promesses faites depuis de nombreuses années d'un statut unique. Les travailleurs indépendants reçoivent une somme forfaitaire par jour (81,63 euros par jour et 40,81 euros par demi-journée) et ne sont donc pas concernés par l’augmentation procentuelle du ratio de remplacement. Cela démontre le peu de respect accordé à un groupe composé de plus d'un million d'électeurs », conclut Christine Mattheeuws.